Cartographie du continent énorien
La carte est essentielle à la bonne compréhension d'un univers.
Elle est parfois là dès le début !
En 1883 Robert Stevenson écrit : "On me dit qu'il y a des gens qui ne s'intéressent pas aux cartes, j'ai peine à le croire".
Moi qui adore les cartes, je ne peux qu'être d'accord avec lui !
Le même Stevenson raconte ainsi la genèse de son roman, "L'ile au trésor" : "J'ai tracé la carte d'une ile ; elle était soigneusement et (je le pensais) magnifiquement coloriée ; sa forme charmait mon imagination au-delà de toute expression ; elle comportait des ports qui me plaisaient comme des sonnets ; et avec l'inconscience des prédestinés, j'appelais ma réalisation l'Ile au Trésor" (extrait de l'ouvrage collectif "Cartes et figures de la terre" du Centre Georges Pompidou).
Quand J.R.R. Tolkien commença à écrire "Le Hobbit", il ne le destinait pas à la publication mais se proposait de le lire à ses trois fils pendant les soirées d'hiver après le thé. Très rapidement apparut dans le récit la carte de la Montagne Solitaire, remise au nain Thorin par le magicien Gandalf. Et à ce stade, Tolkien sentit la nécessité de la dessiner.
Dès le début du premier livre du "Cycle d'Énora", "Quatre années sur Énora 1", Anna initie le prince Alaric à la cartographie :
"Un jour Anna arriva dans le bureau où se déroulaient les leçons et demanda à Alaric s’il y avait à Farstaff une carte des collines.
— Une « carte » ? demanda Alaric étonné. Qu’est-ce qu’une « carte » ?
— Un dessin des collines, un plan où situer Farstaff et les différents villages.
— Ah oui, bien sûr. Je fais des dessins comme ça pour dire aux hommes où aller patrouiller.
Il prit un papier et commença à dessiner grossièrement.
— Voilà la forteresse de Farstaff (il dessina une tour), la ville (quelques petits carrés), le lac Fadoua (un rond), la rivière (un trait), et la frontière (un autre trait). C’est une carte comme ça que tu veux ?
— Oui, c’est un bon début. Nous pourrions sans doute l’améliorer qu’en penses-tu ?
— Oh oui ! Je ne dessine pas très bien les maisons. Mais ça ne fait rien, quand je dis le nom, les soldats comprennent.
— Non, ce n’est pas une question de dessin. On pourrait la compléter et respecter l’échelle.
— L’échelle ? Quelle « échelle » ?
Alaric contempla son dessin, étonné.
— Tu veux que je dessine des « échelles » ? Pour quoi faire ?
— Non, l’échelle c’est pour indiquer les distances. Par exemple, tu as mis la frontière deux fois plus loin de Farstaff que le Fadoua alors qu’elle en est bien plus éloignée que ça.
— Bien sûr. Mais nous savons tous où est la frontière, répond-il en haussant les épaules.
Anna réfléchit. Jamais elle ne faisait honte à Alaric de son ignorance, même concernant des notions qu’une petite faée de sept ans maitrisait parfaitement comme la cartographie du continent énorien et la notion d’échelle.
— J’ai une idée. Nous allons faire une carte du Paristan.
Elle prit une nouvelle feuille de papier.
— Sais-tu combien de krams séparent Farstaff d’Halstronar ?
— Combien de krams ? Non. Je sais qu’il faut compter cinq jours de trajet pour y aller et deux jours et demi si on oblige les ocaps à galoper tout au long.
— Oui, si vraiment tu les pousses. Mais tu ne pourras pas dépasser dix heures de route par jour sans les épuiser. Il vaut mieux compter sept heures. En fait il y a cinq-cents krams entre ici et la capitale. Cela nous servira d’échelle.
Anna reporta les krams sur une ligne graduée.
— C’est une demi-échelle que tu as dessinée.
— Oui, répond-elle en riant. Voici Farstaff. Et là, au bord de l’océan, Halstronar, à cinq-cents krams au nord-ouest. Farstaff est dans la zone des collines et la frontière entre le Paristan et le Nalimastan se trouve dans ces collines au sud du Paristan. (Elle traça la frontière.) Vers le nord, à l’est du Paristan, les collines deviennent des montagnes, ce sont les Montagnes Noires. Elles séparent le Paristan du Madistan. Sais-tu quelle est la capitale du Madistan ?
— Ma... Madassa, je crois…
— Oui, c’est ça. Elle se trouve au bord de l’océan du côté est du continent. D’ici à la frontière nord du Paristan il y a neuf-cents krams. Quand je suis venue de Radek j’ai pris le bateau jusqu’au port de Serrière qui se trouve presque à la frontière entre le Paristan et le royaume du Nord. L’ile de Radek est là, au large de Serrière, et ensuite il m’a fallu dix jours pour arriver ici.
Anna continua à dessiner, à reporter des distances et à écrire des noms. Les contours du pays commencèrent à apparaitre clairement. Sur les indications d’Alaric, elle reporta d’autres villes paristanaises sur la carte.
— Peut-être y a-t-il une carte comme ça quelque part dans le château de mon père, mais je ne l’ai jamais vue.
— Quand il fera meilleur nous ferons une reconnaissance autour de la garnison pour noter tous les villages, les tours de guet, les bois, les lacs et les rivières. Nous repèrerons les distances et établirons la carte du coin. Les hommes vont vite en voir l’utilité. Nous pourrons y marquer la position de nos patrouilles et grâce à cette carte nous saurons exactement où intervenir quand on nous signalera une incursion nalimastanaise.
— Et le cinquième royaume, tu n’en as pas parlé.
— Il n’a pas de frontière avec le Paristan. C’est le Vélène. Ses côtes regardent vers le sud et l’est. D’ici il faut compter environ mille-trois-cents krams pour atteindre sa capitale, Caromane.
— Est-ce qu’on peut faire une carte du continent tout entier ?
— Oui, mais il faut changer d’échelle sinon la feuille sera trop petite.
— Toi et tes échelles ! lança Alaric qui commençait à s’amuser.
Anna prit une nouvelle feuille et dressa une carte des cinq royaumes. Le continent énorien avait vaguement la forme d’un œuf, large d’environ mille-huit-cents krams dans sa partie la plus large et s’étirant beaucoup plus du nord au sud. Les cinq royaumes étaient de superficie à peu près équivalente, le Nalimastan étant le moins étendu. Anna reporta la chaine des Montagnes Noires, la zone des collines, les noms des royaumes avec leurs capitales.
— Voilà, après le royaume du Nord ce sont les Terres sauvages et ensuite les Terres glacées."
C'est donc dès le début que j'ai réalisé la carte d'Énora. Je l'ai ensuite complétée au fur et à mesure que de nouvelles villes apparaissaient dans les romans et j'en ai fait des versions plus anciennes (certains lieux ont changé de nom au fil des siècles). La carte a toujours été là et pour moi elle est essentielle !
Le continent énorien
La planète Énora est essentiellement recouverte par un immense océan. Le seul continent connu à l'époque de "Quatre années sur Énora" porte le même nom que la planète. Nul ne sait à ce moment-là s'il y a quelque part d'autres terres émergées, et en tous cas, si tant est qu'elles existent, personne ne les a jamais atteintes, car les navires énoriens ne s'éloignent jamais beaucoup des côtes et ne sont pas conçus pour une navigation à très longue distance.
Ce continent n'est pas très étendu. Il a une forme vaguement ovale s'étendant du nord au sud. Ayant une position assez septentrionale, il se prolonge vers le nord par des terres recouvertes de glaces que nul n'a jamais explorées. Au centre du continent s'élève une chaine de hautes montagnes (les "Montagnes Noires") se prolongeant vers le sud par une zone de collines élevées où se trouve la forteresse de Farstaff.
Lorsque Alaric et Anna se rencontrent, en l'an 511 de l'ère des cinq royaumes, le continent est partagé en cinq territoires de taille à peu près égale : le Paristan, dont Séniar, le père d'Alaric, est roi, le Nalimastan, où règne la "reine folle" Albarande, le royaume du Nord dont le roi Téodor est un ami de longue date de Séniar ainsi que le Vélène et le Madistan, plus éloignés et sans relations avec le Paristan.
Carte du continent énorien en 511 après le traité des cinq royaumes :
Le Paristan est un des plus anciens royaume du continent énorien. Sa capitale est Halstronar et depuis plus de cinq siècles il est dirigé par les Rois auprès de l'océan qui vivent dans leur château appelé l'Halstrom.
Au début de "Quatre années sur Énora", Séniar est Roi auprès de l'océan et il a trois fils, Fédérik, Edmund et Alaric.
Carte du Paristan en 511 de l'ère des cinq royaumes :
Cartes du continent énorien cinquante ans avant la signature du traité des cinq royaumes
Nous sommes ici cinq-cent-cinquante ans avant "Quatre années sur Énora", à l'époque du roman "Au temps des seigneurs-guerriers". Comme je l'écrivais plus haut certains lieux ne portent pas le même nom : Ossian par exemple deviendra plus tard Ossiani...
Je vous souhaite de beaux voyages sur le territoire d'Énora ! N'hésitez jamais à vous reporter aux cartes pour ne pas vous perdre !