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Écrire en période de pandémie ?

Avril 2020

Depuis environ deux mois maintenant, l’épidémie de Covid 19 bouleverse nos vies.

Au début, comme tout un chacun, j’ai tardé à en mesurer la gravité. J’étais en pleine préparation de mes futures séances de dédicaces, d’une grande fête du printemps à Sainte-Anne-de-Champfrémont et d’un salon du livre pour le mois de juin, je venais d’apprendre que mon poème « Le dragon » ferait partie du recueil sur « Le courage » publié à l’occasion du « Printemps du livre en Haute-Sarthe », je corrigeais mon dernier roman « À la recherche d’Arcania » et j’avais commencé à écrire une nouvelle pour répondre à un appel à textes. Bref, la vie « normale » d’une auteure de fantasy.

Et puis tout a basculé et il a fallu accepter la réalité, les malades de plus en plus nombreux,  les morts, la transformation totale de nos vie, l’annulation de toutes les manifestations, le confinement… Devant l’ampleur de l’évènement, mes petites préoccupations m’ont parues bien mesquines et j’ai eu du mal à continuer à travailler. Peut-on écrire des romans de fantasy quand les gens meurent par millier ? Quand le personnel médical lutte jour après jour avec une pénurie de moyens contre un ennemi invisible ? Et pire encore, quand on devine que la situation va s’aggraver et créer des drames encore plus importants dans les pays les plus pauvres de la planète ?

Après cette période de sidération et de remise en cause, j’ai compris, comme de très nombreux artistes, où était mon devoir. Je ne suis pas médecin, pas infirmière, pas scientifique…  Je suis écrivaine. Comme d’autres sont musicien(ne)s, sculpteur(e)s, chanteurs ou chanteuses, peintres, acteurs ou actrices… J’en oublie bien sûr ! Notre domaine c’est l’art et la culture ! Et notre rôle c’est de préserver l’art et la création, qu’elle soit littéraire, musicale, picturale ou autre… Envers et contre tout ! Et en toutes circonstances ! Que ce soit en temps de guerre ou de pandémie, la création artistique ne doit pas mourir !

Alors très vite je me suis remise à écrire, corriger, dessiner ma nouvelle couverture, J’ai continué à préparer le salon du livre jusqu’à ce qu’il devienne évident qu’il ne pourrait avoir lieu. J’ai continué à donner sur la page Facebook du salon la parole aux écrivain(e)s locaux pour les faire mieux connaitre ! J’ai envoyé mon texte et j'ai publié mon roman, même si je sais que l’impression va en être retardée par l’épidémie…

Et partout c’est le même mouvement : les expositions sont annulées, mais elles se déplacent sur Internet pour régaler nos yeux ; les orchestres ne peuvent plus se réunir, mais les musicien(ne)s parviennent à nous enchanter en enregistrant de magnifiques morceaux, chacun à son domicile, pour ensuite les monter grâce aux immenses possibilités de l’informatique ; les danseurs font de même ; les chanteurs ne peuvent plus se produire sur scène mais organisent des concerts en ligne pour aider les soignants… Et à de plus petits niveaux des musiciens amateurs offrent leurs prestations sur leur balcon ou sur les réseaux sociaux, les poésies sur « Le courage », dont plus personne ne peut aller chercher le recueil dans les médiathèques fermées de la Sarthe, ont été publiées sur Facebook, les peintres et les sculpteurs se sont remis au travail et là encore les réseaux sociaux (capables du pire comme du meilleur) leur offrent une tribune où partager leurs œuvres… L’art, la création littéraire et la culture ne peuvent être étouffées !

Alors c’est vrai que la vente de livres est en chute libre, que certaines librairies vont peut-être devoir mettre la clé sous la porte, que les petites maisons d’édition, déjà en difficulté vont avoir beaucoup de mal à survivre, que de petites troupes de théâtre vont disparaitre… Ou pas ! Nul ne sait de quoi demain sera fait. La seule chose que nous puissions faire, c’est agir aujourd’hui, et faire de notre mieux !

 

Comme l’écrivait la grande auteure de fantasy Marion Zimmer Bradley, quelque part dans le « Cycle de Ténébreuse » : « En toutes circonstances, nous donnons ce que nous pouvons et faisons ce dont nous sommes capables ».

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