Le royaume du Nord et Gwendir
Le royaume du Nord est le plus ancien royaume de la planète Énora. Il a été fondé quatre-vingt ans avant la signature du traité des cinq royaumes (qui a instauré une paix relative sur la planète Énora) par un seigneur-guerrier de trente ans nommé Arnald. Il construisit une forteresse entourée d’un modeste village et Gwendir devint la capitale de son jeune royaume.

Le royaume du Nord est une région froide et rude, au relief montagneux et accidenté, où des paysages âpres de landes broussailleuses battues par les vents alternent avec de sombres forêts de résineux et des zones marécageuses au sol spongieux. De misérables villages s’accrochent aux flancs des montagnes ou se nichent dans les vallées. Les terrains cultivés ne sont que des petites parcelles laborieusement arrachées à la lande, à la forêt ou aux marécages.
Au printemps, les insectes y pullulent et attirent de nombreux oiseaux migrateurs venus se reproduire sous ces latitudes favorables pour eux. Le faible nombre des prédateurs, la longueur du jour et la nourriture abondante leur permettent d’élever trois ou quatre nichées successives. On y rencontre des petits jacous, reconnaissables à leur tête blanche affublée d’une sorte de masque, à leur corps fauve et à leur chant grinçant et des branes jaunes à tête rousse et aux ailes colorées. Les étangs sont investis par des troupeaux de bernes sauvages, grisâtres contrairement aux bernes domestiques, volatiles ressemblant à nos oies, élevés sur Énora et qui sont blancs. Ces gros oiseaux se nourrissent d’herbes aquatiques, de poissons et d’insectes et viennent dans le nord au printemps pour se reproduire.
D’autres animaux vivent toute l’année dans ces régions austères. On peut y rencontrer des agames, grands oiseaux aux pattes très hautes, ce qui leur permet de progresser sans peine dans les hautes herbes des marécages. Les agames ont un aspect étrange avec leur bec conique verdâtre, leurs yeux jaunes entourés d’un cercle rouge de peau parcheminée, leur corps noir et leur long cou blanc, orné d’un collier de plumes orange frisotées. Les Nordiens les chassent car leur chair tendre fond sous la dent et est délicieuse et très nourrissante.
Autre animal typique du Nord : le chordate. Ce grand ruminant gris pâle au ventre blanc et aux cornes duveteuses a de larges sabots lui permettant de marcher sur la neige et dans les marécages. Il constitue une réserve de viande conséquente, que les Nordiens apprécient et dont ils fument une partie pour la conserver.
Lors du voyage de la faée Anna vers Gwendir dans Quatre années sur Énora 2, les voyageurs auront l'occasion de contempler cette faune aviaire du royaume du Nord et dans À la recherche d'Arcania les membres de l'expédition énorienne dans les Terres sauvages et glacées du nord seront amenés à chasser agames et chordates pour se nourrir
Le royaume du Nord est un pays pauvre. Les villes y sont rares, modestes et boueuses. La majorité de la population vit au sud du royaume et les paysans fiers et courageux peinent à élever des argals, moutons énoriens aux cornes enroulés, ou à cultiver une terre aride pour se procurer leur pitance. Au nord, on trouve surtout des chasseurs et des bucherons. Les rigueurs du climat rendent la vie difficile. Quand l’été est trop pluvieux les récoltes pourrissent et quand il est trop sec, elles sont insuffisantes.
Il leur est souvent ardu de faire face aux rigueurs de l’hiver long et très froid. Un village peut rester isolé pendant de nombreuses décades sans pouvoir se ravitailler et les plus faibles sont alors les premiers à mourir.
La fièvre des marais cause également chaque année de nombreux décès. Elle est due à la présence d’insectes, les aïdès, qui pullulent dans les zones marécageuses ou près des étangs et qui pondent dans les eaux croupies. Ce sont eux qui transmettent la fièvre Elle frappe en général au printemps, surtout les personnes affaiblies par le long hiver. Les malades sont d’abord fiévreux et courbaturés, puis totalement épuisés, incapables de se lever, et il faut en permanence les rafraichir pour faire baisser la température. Les douleurs musculaires et articulaires ainsi que les maux de tête deviennent vite extrêmement pénibles. Les plus vigoureux se remettent au bout de cinq jours d’atroces souffrances, mais les plus fragiles connaissent rapidement une deuxième phase de la maladie où ils se mettent à éternuer et à tousser. Essoufflés, ils ont de plus en plus de difficultés à respirer. L’issue est souvent fatale, en particulier pour les jeunes enfants, les vieillards ou les femmes enceintes qui, si elles survivent, perdent en général leur bébé.
Lors de son voyage dans le royaume du Nord dans Quatre années sur Énora 2, la faée Anna sera amenée à aider ses amis, les enfants du roi du Nord Téodor, à soigner des paysans atteints par une épidémie de cette fièvre des marais.
Les Nordiens ne sont pas très nombreux, beaucoup de leurs enfants meurent en bas âge et les gens ne vivent pas très vieux, mais ils compensent ces difficultés par un courage à toute épreuve et un caractère farouche.
La forteresse des rois du Nord s’élève sur un sommet, dressant orgueilleusement ses tours sombres sur le ciel pâle, et dominant un regroupement de maisons paysannes, de boutiques mal achalandées, et de rues sinueuses et crasseuses. Il est difficile de donner le nom de ville à cet ensemble et Gwendir, bien qu’étant la capitale du pays, fait plutôt penser à un gros bourg.

On pénètre dans la demeure des rois du Nord par une grande porte monumentale. Hautes de plafond, les immenses pièces de la forteresse sont difficiles à chauffer et même au printemps de grands feux flambent dans toutes les cheminées du château pour chasser le froid et l’humidité.
Les souverains du Nord sont réputés pour leur grande taille, leur structure corporelle puissamment charpentée, leur force, leur accueil chaleureux et leur caractère pacifiste. Arnald, le fondateur de la dynastie, s’est toute sa vie efforcé de maintenir la paix avec les autres seigneurs-guerriers, puis avec les premiers rois énoriens. Il a de plus toujours protégé les faées, ces femmes guerrières dotées de pouvoirs parapsychologiques, et entretenu de bonnes relations avec les communautés qu’elles ont fondées.
À sa mort, tué à quarante-six ans par un léoponnicon des neiges, un énorme félin à dents des sabre, son fils Kaélan, alors âgé de vingt-neuf ans lui succède et poursuit la même politique. C’est pendant le règne de Kaélan qu’est fondé l’ordre féminin faée de Radek et les rois du Nord successifs maintiendront toujours de bons rapports avec les faées. Celles-ci se sont d’ailleurs installées dans une ile située au large de la côte ouest du royaume du Nord : Radek.
De même que son père Arnald s’était efforcé de mettre fin aux incessants conflits entre seigneurs-guerriers, Kaélan fut un ardent défenseur de l’entente entre les nouveaux royaumes qui se créaient alors sur Énora. Soixante-quatre ans après son accession au trône du royaume du Nord, fut signé le traité des cinq royaumes instaurant une paix relative sur la planète. Cette signature marque le débit de l’ère des cinq royaumes.
Les romans Les pérégrinations de la faée Anaïka et Au temps des seigneurs-guerriers se déroulent durant cette période des règnes de Arnald et Kaélan que les personnages de ces deux romans, Anaïka et Casparo seront amenés à rencontrer.
Les successeurs d’Arnald et Kaélan conservèrent la même orientation politique et la même attitude positive vis-à-vis de l’ordre faée de Radek.
Presque cinq siècles plus tard, en 491 de l’ère des cinq royaumes, le roi Arild se tournera d’ailleurs vers les faées, alors dirigées par la mère supérieure Mahalia, pour soigner son neveu Tanaël atteint d’une sorte de folie. Et c’est ainsi que la jeune faée sans pouvoirs Yness épousera ce dernier.
Ces aventures sont racontées dans la nouvelle : Yness de Radek, la faée sans pouvoirs.
Le mariage d'Yness et de Tanaël fut célébré en même temps que celui de Téodor, le fils d’Arild, avec Arielle, une princesse madistanaise, sœur du souverain de ce royaume de l’est du continent énorien.
Arielle n’était pourtant pas le premier choix de Téodor. Il l’expliquera lui-même à la faée Anna lorsque celle-ci séjournera à Gwendir trente ans plus tard. Jeune homme, il était très ami avec Séniar, le prince héritier du Paristan. Tous deux étaient tombés amoureux de la belle Éléanor, fille de Radovan, dont le duché se trouvait à l’ouest du royaume du Nord, en face de l’ile de Radek. Ils la courtisaient, et elle avait de l’affection pour les deux hommes. Le choix fut donc difficile pour elle, mais l’idée de passer sa vie entre les murs froids de la forteresse de Gwendir la rebutait, elle choisit donc Séniar et partit vivre à Halstronar. Quant à Téodor, il épousa Arielle et ils eurent quatre beaux enfants, dont l’ainé, Dagmar succèdera à son père en 523. Éléanor que l’on surnommait « l’étoile du Paristan » devint reine, et la mère des trois enfants de Séniar. Le cadet, Alaric, lui ressemblait énormément, mais elle mourut hélas en le mettant au monde.
La descendance du roi du Nord Arild

Il est pourtant une ancienne coutume qui ne fait pas honneur à ces souverains du Nord par ailleurs très généreux, c’est celle du bannissement. Dans ce royaume septentrional, quand un assassin était démasqué et condamné à mort, on bannissait tout ses proches et l’ensemble de sa famille, y compris les femmes et les jeunes enfants, pour éviter les représailles. Ces bannis étaient marqués au fer rouge et, chassés de tous les villages, ils partaient vivre dans les terres sauvages où ils mouraient souvent de faim et de froid. Sous l’empire, les romains ne faisaient d’ailleurs pas mieux en tuant toute la famille, nourrissons compris, des condamnés politiques !
Quand Téodor succéda à Arild, cette pratique cruelle et injuste n’était plus que très rarement utilisée et le nouveau roi décida de l’abolir. L’expédition énorienne partie à la recherche des ruines d’Arcania en 518 de l’ère des cinq royaumes découvrit toutefois un groupe de malheureux, descendants d’anciens bannis.
La découverte du village des bannis est un épisode du cinquième livre du Cycle d'Énora : À la recherche d'Arcania.
Vous trouverez de nombreuses références à Gwendir, au royaume du Nord et à ses souverains dans mes romans ainsi que dans le recueil Nouvelles d'Énora.