Pourquoi la fantasy et la SF ?
C’est une question que l’on me pose souvent : d’où t’est venu ce gout pour la fantasy et la science-fiction ? Pourquoi écris-tu de la fantasy ?
J’ai découvert ce type de littérature grâce à mon père qui achetait ses livres aux éditions Rencontre (dont le logo représentait deux R). Il s’agissait d’une société coopérative basée en Suisse, active de 1950 à 1971 et qui vendait des ouvrages par abonnement. Rencontre a ensuite donné naissance aux célèbres éditions Atlas.
En 1970, cette maison d’édition a demandé à Jacques Bergier de diriger et de préfacer une collection regroupant les douze titres qu’il considérait comme les meilleurs romans de science-fiction. Mon père avait souscrit pour cette collection parue sous le titre « Chefs-d’œuvre de la Science-fiction » et c’est ainsi que j’ai lu « La nébuleuse d’Andromède » d’Ivan Éfrémov, puis les onze autres titres choisi par Jacques Bergier, dont « Solaris » de Stanislas Lem, « Une porte sur l’été » de Robert Heinlein, « Martien go home » de Fredric Brown ou « Plus noir que vous ne pensez » de Jack Williamson, pour ne citer que ceux qui m’ont le plus marquée sur le moment.
J’avais seize ans, et j’avais déjà lu Edgar Allan Poe ou Jules Verne bien sûr, mais les titres choisis par Bergier m’ont fait découvrir un univers plus vaste, celui de la littérature de l’imaginaire. Si « La nébuleuse d’Andromède » est un exemple de SF classique, « Plus noir que vous ne pensez » ou « Lutte avec la nuit » de William Sloane se classeraient plus aujourd’hui dans la fantasy avec une pointe de fantastique. C.G. Jung s’est d’ailleurs intéressé ce dernier roman et voyait dans son héroïne Séléna, un symbole de l’éternel féminin s’apparentant à Antinéa dans « L’Atlantide » de Pierre Benoît. Mais je m’éloigne...
Le fait est que ces douze titres, dont mon père et moi discutions longuement après les avoir lus, m’ont ouvert l’esprit à la SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique) et que j’ai ensuite poursuivi sur cette voie (tout en lisant parallèlement d’autres types de littérature).
Sont venus ensuite Asimov, Clarke, Howard, Farmer, Tolkien, Curval, Varley, Franck Herbert, Zimmer Bradley, Lovecraft, Le Guin, Andrevon... et tellement d’autres que je ne saurais tous les citer ! Avec à chaque fois ce même plaisir : découvrir un autre univers, d’autres relations humaines et étudier leurs fonctionnements tout en prenant du plaisir à rêver, à s’émerveiller, à vivre des aventures, à s’évader... Oui, il s’agit d’une littérature d’évasion, mais comme le disait Tolkien, quand un soldat est prisonnier de l’ennemi, il est de son devoir de s’échapper ! Et l’ouverture à l’autre et à la différence est un magnifique moteur de transformation, y compris dans le monde réel.
Et puis, bien plus tard, je suis passée de la lecture à l’écriture, pour créer moi-même un autre univers...